Sahel et Résilience

Comment le PAM rend autonome les populations vulnérables au Niger

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Au Niger, un des pays de la grande bande Sahélienne, des milliers de vies sont transformées jour après jour. Dans la région de Zinder, située au sud-est du Niger, je suis allé à la rencontre de deux femmes qui, malgré les importantes contraintes climatiques et la rigueur de leur environnement, nourrissent leurs espoirs et travaillent à rendre leurs vies meilleures.

Des femmes rentrent chez elles après une journée de travail au jardin communautaire de Wacha. WFP/Simon Pierre Diouf

Ecrit par Simon Pierre Diouf

A Dankeni, dans la commune de Gafati, tout le village s’est réuni pour la livraison du seuil d’épandage mis en œuvre par le PAM grâce à un financement BMZ. Ce seuil d’épandage dont les travaux ont commencé en avril 2018 est le premier construit par le PAM en partenariat avec World Vision International, dans la région de Zinder. Ce seuil favorise les activités de maraîchages et permet ainsi à la communauté de cultiver sur une surface de 22 hectares exploitables, dont 5 hectares qui seront aménagés cette année.

Ladidi

Ladidi et le seuil d’épandage en arrière plan. WFP/Simon Pierre Diouf

Au milieu de cette foule en joie, j’aperçois Ladidi. Sous son voile bleu, ses yeux pétillants montre à quel point elle attendait impatiemment la réalisation du seuil.

« La vie n’est vraiment pas facile ici, et il faut tous les jours se battre pour avoir le minimum qu’il faut pour nourrir sa famille. Avec ce nouveau seuil j’ai de l’espoir »

Oui, elle a raison de garder espoir, elle qui se voit déjà travailler dans son jardin.

« Je rêve déjà de tous les légumes que je vais pouvoir planter ici. J’ai vraiment hâte de commencer à travailler ici » nous raconte Ladidi.

Ladidi sur les lieux de son futur jardin. WFP/Simon Pierre Diouf

Ladidi est cuisinière. Elle est très appréciée par toute sa communauté car pendant les travaux du seuil, elle faisait souvent à manger aux gens travaillant sur le site.

« Avant, je rêvais de partir en exode, dans un autre pays pour trouver un travail qui me permettrait de mieux gagner ma vie et de nourrir ma famille. Maintenant avec ce seuil, j’ai de nouveaux projets » nous confie-t-elle.

En parcourant des yeux cet espace à perte de vue qui se tient devant elle, Ladidi s’imagine déjà en propriétaire de restaurant.

Ladidi qui nous fait part de ses rêves. WFP/Simon Pierre Diouf

« Je vais peut-être ouvrir un restaurant et faire de bons plats avec les légumes que j’aurais récoltés » nous explique-t-elle. Cette activité génératrice de revenu pourrait apporter la stabilité que Ladidi cherche tant pour elle et sa famille.

Hajia Absou

Hajia Absou dans son jardin à Wacha. WFP/Simon Pierre Diouf

Je continue mon périple vers le centre de la région de Zinder, plus précisément à Wacha. J’ai rendez-vous avec Hajia Absou, un exemple de persévérance et d’émancipation sociale.

« C’est moi, Hajia Absou, je suis contente de vous accueillir dans mon champ » nous dit Hajia, le sourire aux lèvres.

Le terroir de Wacha est constitué d’un vaste ensemble de terres dunaires et de cuvette comprenant une végétation arbustive dominée par des acacias, des palmiers et des dattiers. Il regorge de beaucoup de mares permanentes envahies par le typha australis communément appelé « Katchala ».

Les ménages très pauvres de cette localité bénéficient d’une assistance alimentaire (en espèce ou en vivres) pour faucarder les mares qui ont été pris d’assaut par le « Katchala ». Cette activité permet d’augmenter la productivité des mares qui seront utilisées pour développer les cultures irriguées.

(1) Hajia en plein travail dans son jardin (2) Hajia rentre chez elle après sa journée de travail. WFP/Simon Pierre Diouf

Hajia a participé à ce travail de faucardage et a ainsi pu mettre un peu d’argent de côté. En effet, les 32 500 FCFA qu’elle reçoit à la fin de chaque mois où elle travaille sur le site lui ont permis d’acheter son propre champ où elle a la liberté de cultiver des légumes pour nourrir sa famille ou tout simplement pour la vente.

« Je suis mère de 4 enfants et mon mari est aveugle. Avec ce champ, je peux davantage prendre soin d’eux » se confie-t-elle.

Dans sa maison, Hajia stock ses différentes récoltes composées de courges et d’oignons. Ces récoltes permettent à la famille d’Hajia de bénéficier d’une alimentation beaucoup plus diversifiée. Pour eux, la malnutrition est à présent un lointain souvenir.

Hajia qui nous montre une partie de sa récolte. WFP/Simon Pierre Diouf

En plus du champ qu’elle a pu acquérir, Hajia a même acheté un mouton qu’elle élève.

« Je suis très heureuse d’avoir pu acheter ce mouton. Jamais je n’ai pensé qu’un jour je pourrais en avoir les moyens. Maintenant, la communauté me considère davantage » nous confie-t-elle.

Hajia fière de nous montrer le mouton qu’elle a acheté. WFP/Simon Pierre Diouf

En effet, l’amélioration de la situation sociale de Hajia lui permet d’être mieux intégrée dans sa communauté et diminue ainsi le sentiment d’isolation dont elle a souffert pendant des années.

« Ce jardin a changé ma vie ! Je suis devenue une femme indépendante et autonome et je suis enfin capable de travailler pour construire un avenir meilleur pour moi et pour ma famille » explique Hajia, le regard plein d’espoir.

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Histoires du Programme Alimentaire Mondial

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