Les repas scolaires au Mali : un moyen de promouvoir l’émancipation des filles

WFP (PAM)
Histoires du Programme Alimentaire Mondial
4 min readMar 2, 2018

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Le PAM se joint à l’Union Africaine (UA) pour célébrer la deuxième édition de la Journée africaine de l’alimentation scolaire, le mercredi 1er mars 2017.

Le PAM collabore avec les gouvernements à la mise en place de programmes de cantines scolaires dans 41 pays africains. Au Mali, où l’égalité des sexes est l’une des plus faibles au monde, les repas scolaires incitent les familles à inscrire et laisser leurs filles à l’école.

Selon l’UNICEF, 15% des filles dans le pays sont mariées à l’âge de 15 ans et moins de 8% des femmes et des filles ont fait des études secondaires. Malgré le niveau d’inégalité entre les sexes, les individus, les organisations et le gouvernement prennent des mesures pour combler le fossé qui sépare les sexes.

Cheick, principal de l’école Yarka, avec sa classe. Photo: WFP/ Sébastien Rieussec

Cheick est le principal de l’école Yarka dans la ville du même nom, dans la région de Kayes — une zone avec des taux élevés de mariages d’enfants et une faible fréquentation scolaire. Il a plaidé en faveur de l’égalité des sexes et de l’éducation des enfants.

Assis sous l’un des arbres qu’il a lui-même plantés dans la cour de l’école, au milieu du désert sahélien, Cheick a expliqué au personnel du PAM comment l’une de ses meilleures élèves, une jeune fille ambitieuse de 12 ans, a été contrainte de quitter l’école pour épouser un homme de deux fois son âge.

Cheick est allé voir la police pour essayer d’empêcher la situation et négocier avec les parents pour qu’ils laissent leur fille à l’école. Mais au final, les parents ont décidé que se marier et quitter l’école constituait la meilleure option pour leur fille.

“J’adore les repas scolaires car tous les jours, je peux déjeuner avec mes amis,” Adiaratou, 12 ans. Photo: WFP/ Sébastien Rieussec

Ce n’était pas la première fois qu’une jeune fille brillante quittait son école pour se marier, mais Cheick était déterminé à mettre fin à ce problème. “Je suis engagé à garder les jeunes filles à l’école et à les sensibiliser au mal-fondé du mariage des enfants”, a-t-il déclaré.

En 2003, Cheick s’est rendu dans les centres d’éducation régionaux pour demander à ce que le programme des cantines scolaires du PAM— qui offre chaque jour un repas chaud aux élèves dans tout le pays — soit aussi mis en place dans son école.

Pour beaucoup d’enfants, le repas à l’école représente le seul repas nutritif de la journée. Photo: WFP/ Sébastien Rieussec

Les repas scolaires apportent non seulement nutrition et énergie aux élèves, les aident à se concentrer et à apprendre, mais ils incitent aussi les parents à envoyer leurs fils et filles à l’école, ce qui augmente les taux de scolarisation et de réinscription (le pourcentage élèves scolarisés d’une année sur l’autre). Au Mali, le taux de réinscription des écoles soutenues par le programme des cantines scolaires du PAM est de 98%, la moyenne nationale étant de 63%. [1]

En 2004, le PAM a commencé à mettre en œuvre ce programme à Yarka, en servant le déjeuner à 138 élèves, dont 48 filles. “Les repas scolaires jouent un rôle double dans mon école : ils empêchent les élèves d’arriver en retard et ils ont réduit les taux de décrochage scolaire”, explique Cheick. “Ils ont également joué un rôle important dans le maintien des filles à l’école.”

Il a commencé des ateliers de sensibilisation et de plaidoyer dans sa communauté, sur l’importance d’éduquer les filles et sur les dangers de marier les enfants si jeunes.

“En sensibilisant les communautés, le nombre de filles inscrites à l’école et leur taux de réinscription ont augmenté. J’ai également constaté un changement d’attitude vis-à-vis des mariages d’enfants “, a ajouté Cheik.

“J’adore aller à l’école. Je veux devenir enseignante pour pouvoir aider les enfants à apprendre” dit Fatou, âgée de 11 ans. Photo: WFP/ Sébastien Rieussec

Bien que les repas scolaires du PAM se soient révélés efficaces à l’école de Yarka, un manque de financement a entraîné sa suspension pour l’année scolaire 2016–2017. Seul un tiers du financement nécessaire pour la période s’étendant d’octobre 2016 à mars 2017 a été reçu, ce qui signifie que le PAM ne peut fournir des repas qu’à 60% des écoles du nord et du centre du pays.

En 2015, le PAM a distribué des repas scolaires à 17,4 millions d’enfants dans 62 pays, servant le petit-déjeuner ou le déjeuner, des repas complets ou des collations. Dans dix autres pays, il a fourni une assistance technique aux programmes gouvernementaux de repas scolaires, atteignant ainsi près de dix millions d’enfants.

En incitant les parents à envoyer les enfants à l’école, les repas scolaires sont un vecteur d’éducation. Photo: WFP/Sébastien Rieussec

Pour en savoir plus sur la Journée africaine de l’alimentation scolaire, cliquez ici : Africa Day of School Feeding
Crédits photos : PAM / Sébastien Rieussec

Texte de Laura Lee Morris et Simone Gie

[1] Mali. Ministère de l’Éducation. Rapport d’évaluation des capacités nationales en alimentation scolaire à partir de la méthodologie SABER. Par K. Edmond DEMBELE. Octobre : Bamako, 2014. Imprimé.

Initialement publié sur insight.wfp.org le 28 février 2017.

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Le PAM (Programme alimentaire mondial des Nations Unies est la plus grande agence humanitaire luttant contre la faim dans le monde.