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Les hommes s’engagent contre la malnutrition

L'exemple de Mahamadoun dans la région de Tombouctou, au Mali
, Virgo Edgar Ngarbaroum
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Mahamadoun Ahmadou, pendant la sensibilisation sur la malnutrition. Photo : PAM/Virgo EDGAR NGARBAROUM

La malnutrition touche un enfant malien sur trois, avec un taux de malnutrition aiguë globale de 10% chez les moins de 5 ans. Le terme « malnutrition » désigne un déséquilibre entre les besoins de l'organisme et les apports énergétiques et/ou nutritionnels. 12,5% des enfants de la région de Tombouctou (nord du Mali) souffrent de malnutrition, ce qui fait de cette région une des plus touchées par cette pathologie.

Avec mes collègues du sous-bureau du Programme Alimentaire Mondial (PAM) à Tombouctou, je me suis rendue dans les centres de santé de Toya, à quelques kilomètres de Tombouctou ville, pour voir comment l'engagement des communautés dans le combat contre la malnutrition et l'appui du PAM au Gouvernement contribuent à sauver et changer des vies.

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Les habitants de Toya pendant la séance de sensibilisation sur la malnutrition. Photo : PAM/Virgo EDGAR NGARBAROUM

Après les salutations d'usage et un briefing du médecin chef, je me dirige vers un groupe de femmes s'apprêtant à participer à une activité de sensibilisation contre la malnutrition.

Arrivée au niveau du hangar, je suis agréablement surprise de voir que l'animateur de la séance du jour est un homme !

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Mahamadoun Ahmadou, pendant la sensibilisation sur la malnutrition. Photo : PAM/Virgo EDGAR NGARBAROUM

Il s'appelle Mahamadoun Ahmadou. Il a été formé aux questions de nutrition et est ainsi en charge de sensibiliser la cinquantaine de personnes présentes. Ce « relais communautaire » informe les mamans sur la malnutrition et ses conséquences en utilisant la langue locale (sonrhaï) ainsi que le français.

Les femmes semblent attentives et concentrées, et posent même quelque questions. Mahamadoun, quant à lui, semble véritablement maîtriser son sujet.

« Mon fils aîné a souffert de malnutrition quand il était nourrisson, c'était horrible de le voir aussi malade et fragile. Nous avons reçu une assistance du PAM pour son traitement, ce qui lui a sauvé la vie » me raconte Mahamadoun, le regard lointain.

« Le médecin m'avait expliqué que la malnutrition pouvait être prévenue grâce à de bonnes pratiques. Cela a permis à mon second fils de naître et grandir en parfaite santé, sa mère et moi ayant veillé à cela. En voyant cet effet positif, j'ai décidé de devenir moi-même relais communautaire pour aider d'autres parents à ne jamais vivre la même chose que moi »; ajoute Mahamadoun en se dirigeant vers le magasin où est stocké le CSB (mélange de farines de maïs et soja) distribué par le PAM et qui sert à la prévention de la malnutrition.

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Mahamadoun Ahmadou, expliquant les méthodes de préparation et bienfaits du CSB. Photo : PAM/Virgo EDGAR NGARBAROUM

Après les explications sur l'utilité et les méthodes de préparation, Mahamadoun commence la démonstration culinaire avec l'aide de 2 autres femmes du relais. Pendant une demie heure, il explique comment utiliser le CSB : ce mélange de poudres de céréales sert de complément alimentaire pour les enfants. Mahamadou prend également le temps de bien faire comprendre à ces femmes l'importance de l'hygiène dans la préparation du CSB.

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Mamadou Ahmadou, pendant la préparation du CSB. Photo : PAM/Virgo EDGAR NGARBAROUM

Après la séance, il répond aux questions des mères. Je finis par demander à ces femmes combien d'entre-elles sont venues au Centre de santé communautaire (CSCOM) sous les conseils de Mahamadoun, elles sont nombreuses à lever la main. Elles témoignent toutes des services que Mahamadoun et ses partenaires ont rendu à la communauté.

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Ibrahim savourant la préparation à base de CSB. Photo : PAM/Virgo EDGAR NGARBAROUM

Djenebou, une des femmes présentes à la séance d'information vient vers moi, accompagnée de sa fille. Le regard pétillant et le sourire aux lèvres elle me fait une confidence : « J'étais très surprise de voir un homme faire le tour de mon quartier pour parler de la santé des enfants et de la malnutrition ».

« C'est grâce à Mahamadoun que je suis venue au centre pour le dépistage de ma fille. Les médecins m'ont informé que j'avais bien fait de venir tôt et que cela lui éviterai des complications. Depuis 3 mois je reçois de l'argent du PAM pour continuer à me rendre au Centre de santé car j'habite loin. Je ne peux vous dire à quel point je suis reconnaissante » m'explique-t-elle.

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Une mère et son enfant pendant la sensibilisation sur la malnutrition. Photo : PAM/Virgo EDGAR NGARBAROUM

Pendant longtemps, les mères étaient seules responsables de la santé du nourrisson. Mais l'exemple de Mahamadoun montre que dorénavant, les hommes sont aussi impliqués dans la lutte contre la malnutrition et dans la recherche du bien-être des enfants.

« Nous sommes reconnaissants de recevoir l'assistance de partenaires comme le PAM, qui nous donne des produits nutritionnels. Cependant, nous avons la volonté de ne pas toujours avoir la main tendue et de montrer à ces derniers qu'au-delà de l'assistance reçue, nous agissons de manière concrète pour éradiquer la malnutrition dans notre village », conclut Mahamadoun.

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Mahamadoun Ahmadou, pendant la sensibilisation sur la malnutrition. Photo : PAM/Virgo EDGAR NGARBAROUM

Au Mali, le PAM appuie le Gouvernement et les communautés afin de lutter contre la malnutrition à travers plusieurs activités : prévention, traitements et appuies aux accompagnants des enfants malnutris.

Malgré les subventions des Etats-Unis, de l'Union Européenne, de la France, ainsi que de l'Allemagne, la Suisse, l'Espagne et le Japon, les ressources manquent cruellement pour répondre à l'ensemble des besoins. A l'avenir, le PAM rique de devoir suspendre cette activité, ce qui aura un impact sur la vie de milliers de femmes et enfants.