Skip to main content

Au Sénégal : la résilience des populations passe par l’aquaculture

Les habitants du village de Ngouye viennent de voir la première génération de poissons issus d'un projet pilote de résilience mis en place par le Programme Alimentaire Mondial
, par Paulèle Fall
1*eJaFsdvZJjEPvHTMQFi4vg.jpeg
Les femmes de Ngouye heureuses d'accueillir les pécheurs. Photo: PAM

 

Le village de Ngouye fait partie des 5 sites choisis par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) pour tester, dans les régions de Saint-Louis et Matam, le projet d'aquaculture en cages flottantes. L'initiative entre dans le cadre du projet 3A : une réponse à la résilience des communautés ayant été assistées en 2018 par le PAM.

Les départements de Podor (région de St-louis) et Matam (région de Matam) avaient étaient ciblés du fait de leur appartenance à la région du Sahel, les exposant alors de façon récurrente aux effets des changements climatiques. Ainsi le PAM à travers l'assistance d'urgence de sécurité alimentaire (PUSA 2018) du Gouvernement du Sénégal, avait répondu aux besoins de quelques 5000 ménages en leur distribuant des bons d'achat alimentaire pendant la période de soudure.

Mais l'assistance via les coupons alimentaires n'est cependant pas une solution durable. C'est fort de cette conviction que le PAM et ses partenaires ont trouvé une solution alternative en mettant en œuvre le programme d'Assistance Alimentaire pour la création d'Actifs (3A) en complément aux activités d'urgence de sécurité alimentaire.

Ce programme vise à renforcer la gestion des ressources naturelles, améliorer les moyens de production et atténuer les effets des catastrophes naturelles, avec pour objectif général l'adaptation aux changements climatiques et le renforcement de la résilience des communautés et ménages vulnérables. Il offre ainsi des emplois notamment aux jeunes et aux femmes tout en mettant à la disposition des communautés des revenus pour acheter d'autres produits alimentaires.

Madame Marième Lamine Kébé est membre du GIE Bamtaare de Ngouye, elle se dit satisfaite des résultats de l'aquaculture dans son village : « La production de poisson en cages flottantes a permis d'augmenter significativement l'offre de poissons dans notre village ce qui rend le prix du poisson abordable et donc plus accessible aux ménages ; à présent, notre alimentation et surtout celle de nos enfants sera plus riche en protéine et équilibrée. »

1*lmIKFtd05l9NNkK5ZTW6jQ.jpeg
La production aquacole en cages flottantes est une technologie innovante accessible à tous les ménages ruraux. Photo: PAM

Au Sénégal, le poisson occupe une place importante dans l'alimentation des ménages : le plat national le plus prisé est préparé à base de poisson, d'où l'engouement des populations de Ngouye pour l'aquaculture.

Après 6 mois d'encadrement par l'ONG P2RS et de formations aux techniques d'aquaculture menées par l'Agence Nationale d'aquaculture-l 'ANA, ils ont pu récolter 2 tonnes de poissons frais, prêts pour la consommation des ménages mais aussi pour la commercialisation. Désormais les populations disposent d'outils efficients et efficaces pour assurer leur résilience face aux chocs climatiques.

La production aquacole en cages flottantes est une technologie innovante accessible à tous les ménages ruraux. Elle contribue à la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations vulnérables non seulement en augmentant directement les disponibilités vivrières ainsi qu'en fournissant des protéines animales hautement nutritives et d'importants oligo-éléments, mais aussi et surtout, le poisson sert de complément alimentaire pour les populations vulnérables. En plus d'assurer l'équilibre alimentaire dans les ménages, l'aquaculture est une activité économique pour les jeunes qui n'ont plus besoin de quitter leur terroir pour chercher du travail.

Aboubacry Kome est un jeune qui encadre les membres du Gie Bamtaaré de Ngouye, il se dit fier d'avoir bénéficié d'un renforcement de capacité à travers ce projet. Selon lui, « les formations reçues du programme 3A nous ont aidé à mieux réorganiser notre association de pécheurs, jusqu'ici peu fonctionnelle. En plus de cela, on note un fort engouement et un retour de la solidarité entre villageois grâce aux activités à Haute Intensité de Main d'œuvre-HIMO »

Présent à la cérémonie de récolte et de commercialisation du poisson de Ngouye, le sous-préfet de Cas-Cas, a exprimé son souhait de voir cette initiative se renforcer, au bénéfice des populations assistées en intégrant dans la deuxième phase du projet la reproduction des poissons. Il a également invité le PAM à procéder à son extension en partageant l'expérience avec les villages environnants

1*BhDGm4yqTL-RJn0AFzkLCw.jpeg
Le sous-préfet exprime son souhait de voir cette initiative se renforcer. Photo: PAM

En prélude à la réponse 2019 pour la sécurité alimentaire des communautés affectées par les effets des changements climatiques, une planification participative communautaire est en train d'être menée sous le leadership des autorités locales de la région de Matam impliquant tous les acteurs de développement à la base et les communautés elles-mêmes. Cette approche participative dans la planification des activités d'assistance vise la résilience des communautés et leur appropriation des bonnes pratiques en matière de lutte contre l'insécurité alimentaire et la malnutrition.

Des activités de résilience et de développement comme l'aquaculture seront en effet reconduites, renforcées et mises à l'échelle pour une meilleure utilisation des ressources naturelles et un développement économique locale fondé sur la paix, la solidarité et le bien-être des populations de la région du Sahel.